Transformer ou périr : fer, or, gaz, pétrole, bauxite, manganèse … et si l’Afrique gardait enfin ses ressources pour les transformer elle-même ?

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Alors que la région du Sahel traverse une période de turbulences politiques, Pierre Goudiaby Atepa
, architecte de renommée internationale et auteur du Monument de la Renaissance africaine à Dakar, livre lors d’un entretien exclusif sur  la WebTV Afrofeeling, une analyse tranchante sur les causes profondes de ces remous : l’échec des modèles de coopération économique hérités de la colonisation.

Pierre Goudiaby Atepa lance un appel fort et lucide : l’Afrique ne se développera qu’en transformant localement ses matières premières.

Architecte du célèbre Monument de la Renaissance africaine à Dakar, du siège de la BCEAO à Dakar, entre autres, Atepa est également président du Club des Investisseurs Sénégalais. Sa voix compte, et ses analyses, ancrées dans l’économie réelle, résonnent dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Les révoltes au Sahel : un ras-le-bol légitime, mais à canaliser

Pour lui, les mouvements de rupture qui secouent la région ne sont pas un hasard.

« Qu’on le veuille ou pas, moi je crois que les remous que nous avons, que nous voyons depuis un an ou deux dans la sous-région sont significatifs. »

Mais il met en garde contre les réactions impulsives :

« Il ne faut pas agir par impulsion. Pour une fois, n’agissons pas par impulsion. Prenons la tête, réfléchissons de la manière la plus froide possible sur l’avenir que nous voulons pour nos nations. »

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La transformation locale : clef de la souveraineté économique

Pour Atepa, l’erreur fondamentale des générations précédentes a été de faire confiance aux anciennes puissances coloniales sans définir une stratégie propre.

« Nous avons péché par naïveté. Nous avons cru en la parole de l’ex-colonisateur. »

Face à cela, il propose une seule voie :

« Pour nous sortir d’affaires, c’est transformer, encore transformer, beaucoup transformer, toujours transformer. »

Il insiste sur le fait que la simple exportation de matières premières comme la bauxite ou le fer est une impasse économique pour l’Afrique :

« Pourquoi, diantre, laisser les gens prendre la bauxite, faire 15 000 km pour aller la transformer à Dubaï, refaire 15 000 km pour venir être vendue au Sénégal ? »

Le Sénégal, futur hub minéralier ?

Pierre Goudiaby Atepa soutient que le Sénégal a les atouts pour devenir un centre industriel régional, grâce à sa position géographique et à ses ressources. Il évoque des gisements de bauxite à 600 km de Dakar, la proximité du fer de la Sierra Leone, et surtout les nouvelles découvertes de gaz et de pétrole dans le pays.

« Le Sénégal, on a découvert du gaz et du pétrole. C’est à nous. C’est nous qui devons décider. »

Lors d’une rencontre avec un haut responsable du FMI, Atepa raconte :

« Il nous dit : “Écoutez, les Sénégalais, ne vous faites pas d’illusions. Votre pétrole et votre gaz ne changeront pas grand-chose dans votre économie.” […] Je lui ai dit : vous avez parfaitement raison. Mais comme on dit en mathématiques, si et seulement si, nous vous écoutons. »

26 milliards de tonnes de fer, une opportunité historique

Atepa évoque un chiffre impressionnant : 26 milliards de tonnes de minerai de fer dans un rayon de 960 km autour de Dakar. Transformés sur place, ces minerais pourraient générer une richesse inégalée (1 400 milliards de dollars, environ 810 000 milliards de FCFA). Selon lui, ce sont ces chiffres qui vont nous sortir de la pauvreté. Rien d’autre.

Il en appelle à un changement de paradigme. Selon lui, un indice simple révèle le niveau de développement d’un pays : la quantité de fer utilisée par habitant.

« Les États-Unis ont en moyenne une tonne de fer par habitant. Les Chinois doivent être à 800 kg. […] Nous sommes à 50 kg par habitant. […] Si vous n’avez pas 200 kg au moins par habitant, vous ne pouvez pas être développé. »

Le message est clair : pas de développement sans transformation locale. L’Afrique ne peut plus se contenter d’exporter ses ressources brutes à bas prix pour ensuite les importer à prix fort. Il faut désormais maîtriser la chaîne de valeur de bout en bout, créer de l’emploi, industrialiser, et bâtir une économie pérenne.

Avec des hommes comme Pierre Goudiaby Atepa à la tête de projets structurants, l’Afrique peut passer de la revendication à la réalisation. Mais cela exige de la vision, du courage et une volonté politique forte.

www.burkinaonline.net

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