Ouagadougou | Atelier de restitution : Quand le WASH et la lutte contre les zoonoses se croisent pour une agriculture durable

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Ouagadougou, 21 novembre 2024 – Sous l’égide de l’ONG AfricSanté, un atelier de restitution a rassemblé experts et acteurs divers au Centre Notre Dame de Lorette pour une réflexion approfondie sur l’intégration de la lutte contre les zoonoses et l’amélioration de la productivité agricole à travers l’utilisation des excréments humains et animaux dans les interventions WaSH (Eau, Hygiène et Assainissement).
L’événement, marqué par une forte participation d’experts issus de divers horizons, s’est inscrit dans une dynamique de partage de résultats et d’expériences autour de projets novateurs en lien avec la santé humaine et animale.

Le lien entre WaSH, zoonoses et productivité agricole

Moctar Ouédraogo, sociologue, démographe et Directeur Exécutif d’AfricSanté, a expliqué que l’atelier avait pour objectif de restituer les résultats d’une revue documentaire sur des projets combinant les approches WaSH et One Health. Selon lui, cette démarche vise à démontrer comment ces approches peuvent contribuer à limiter les maladies zoonotiques – celles transmises entre les animaux et les humains – tout en utilisant les excréments pour améliorer les rendements agricoles.

« Cet atelier offre une opportunité unique de parcourir les expériences documentées et d’obtenir des contributions d’experts pour enrichir les résultats », a-t-il déclaré.

L’importance des données et des expériences concrètes

Selon M. Savadogo Oumarou, Directeur Exécutif  de l’ONG Groupe de Réflexion et d’Action pour le Développement en Afrique ( GRADA) et membre du groupe d’experts, l’étude avait pour objectif de répondre à deux questions principales : d’une part, identifier les orientations politiques permettant d’intégrer la problématique des zoonoses dans les initiatives de WaSH, et d’autre part, analyser les expériences concrètes menées sur le terrain pour intégrer la gestion des déjections animales dans les projets d’hygiène et d’assainissement. Il a cité deux projets passés en revue, dont un projet financé par l’UNICEF et mis en œuvre par l’ONG GRADA dans la province du Passoré, qui a servi d’exemple dans ce domaine.

Une étude ambitieuse menée sur 7 mois

L’étude, entamée en janvier dernier, a impliqué plusieurs institutions, dont l’INERA, qui utilise des excréments pour enrichir les sols agricoles dans le cadre du projet ECSAN en collaboration avec le Centre Eau Assainissement pour l’Afrique (ex-CREPA), WaterAid qui est à l’initiative de l’approche Village Propre Productif (VPP), l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS). À l’international, l’Initiative Suédoise pour le Réseau Agricole International – SIANI – qui est un réseau mondial, ouvert et inclusif qui soutient et promeut le dialogue et l’action multisectoriels autour d’une vision de systèmes alimentaires durables, fondés sur les droits et l’inclusion, a également partagé son expertise sur l’utilisation des ressources animales et humaines dans le cadre d’une agriculture dureable. Cette collaboration a permis de documenter des expériences testées au Burkina Faso sur une durée de sept mois.

Résultats et leçons tirées de l’approche

Selon les experts présents, plusieurs constats clés ressortent des études réalisées :
• L’absence de politiques claires : Aucun document stratégique au niveau national ne mentionne explicitement la gestion des excréments humains et animaux dans le cadre du WaSH. Les thématiques de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement restent traitées de manière isolée, sans intégration systémique et systématique.
• Initiatives locales encourageantes : En milieu rural, des communautés se sont engagées à résoudre les problèmes d’hygiène par la construction de latrines et d’enclos pour les animaux. De plus, les excréments d’animaux, une fois collectés et transformés, sont utilisés comme compost ou vendus pour des cultures maraîchères.
• Limites et défis persistants : L’absence de subventions pour les plus démunis freine la mise en œuvre de solutions durables. De nombreux ouvrages sont réalisés avec des matériaux peu résistants, tandis que la séparation des animaux et des habitats humains reste difficile à cause des craintes de vols et du manque de ressources.

Perspectives et recommandations

Les discussions ont permis de dégager des pistes pour l’avenir :
1. Plaidoyer politique : Élaborer un plan de plaidoyer pour intégrer la gestion des excréments humains et animaux dans les politiques nationales.
2. Valorisation agricole des déchets : Collaborer avec des institutions comme l’INERA pour transformer les excréments en compost enrichi, capable d’améliorer les rendements agricoles.
3. Renforcement communautaire : Impliquer davantage les communautés dans la gestion de l’hygiène et de l’assainissement, tout en développant des solutions locales adaptées.

Un défi pour un avenir durable

Pour les participants, cet atelier a confirmé que l’approche WaSH, combinée à une gestion intégrée des zoonoses et des déchets organiques, représente une opportunité majeure pour améliorer la santé publique et la productivité agricole.

Cependant, il reste des défis à relever, notamment en matière de financement, de coordination intersectorielle et de sensibilisation communautaire.

L’espoir demeure qu’avec une véritable intégration de l’approche WaSH dans la vision holistique d’une SEULE SANTÉ/ONE HEALTH,, des solutions viables et durables émergeront pour répondre aux besoins des populations rurales en Afrique.
Gildas Kinda
BurkinaOnline

 




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