Coopération: La Russie renforce sa présence militaire en Afrique après le retrait de Wagner du Mali

Le Kremlin a confirmé, lundi 9 juin, sa volonté de renforcer ses liens militaires avec l’Afrique, quelques jours après l’annonce du retrait du groupe paramilitaire Wagner du Mali. Cette déclaration marque une nouvelle phase dans la stratégie d’influence russe sur le continent, désormais menée par une structure étatique : l’Africa Corps.
Une présence qui se redéfinit
« La présence russe en Afrique ne cesse d’augmenter et nous avons l’intention de renforcer notre coopération tous azimuts avec les pays africains, notamment dans des domaines sensibles liés à la défense et à la sécurité », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, lors de son point de presse quotidien. Ces propos confirment que le départ de Wagner ne signe pas un désengagement de la Russie, mais une reconfiguration de sa stratégie militaire africaine.
Créé à l’initiative du ministère russe de la Défense après la mort d’Evgueni Prigojine en 2023, l’Africa Corps a progressivement absorbé les anciens cadres de Wagner, tout en adoptant une structure officielle. Présente au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Centrafrique ou encore en Guinée, cette force continue d’opérer aux côtés des armées nationales, souvent en soutien aux régimes militaires.
Des moyens logistiques renforcés
Selon l’agence Associated Press, l’Africa Corps reçoit un soutien logistique et militaire important de Moscou, incluant chars, artillerie, équipements électroniques et avions de combat. Ce matériel, malgré les sanctions occidentales, transite notamment par le port de Conakry, en Guinée, échappant à une surveillance internationale jugée insuffisante par plusieurs analystes.
Objectifs géopolitiques et économiques
Pour la Russie, cette présence militaire s’inscrit dans une stratégie plus large de contournement de l’isolement occidental. En Afrique, elle cherche à asseoir son influence politique, à sécuriser des intérêts économiques (mines d’or, d’uranium, etc.), et à renforcer sa stature internationale en s’affichant comme un partenaire alternatif aux puissances occidentales, dont la présence s’est réduite au Sahel.
Les gouvernements africains partenaires y trouvent, de leur côté, un appui sécuritaire rapide, sans conditionnalités démocratiques. Cette logique d’échange « sécurité contre loyauté » alimente toutefois les inquiétudes d’organisations de défense des droits humains et d’observateurs internationaux.
Une présence durable
En conclusion, si le départ de Wagner du Mali peut apparaître comme un tournant, il s’agit surtout d’une formalisation et d’un renforcement de la présence russe sur le continent. L’Afrique devient ainsi un axe prioritaire dans la diplomatie de puissance du Kremlin, sur fond de rivalité géopolitique globale.
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