Conflit Israël-Iran : Ram Shefa, ancien député israélien, met en garde contre la logique des frappes préventives et s’oppose à la décapitation du régime iranien

Sur un plateau de télévision, l’ancien député israélien Ram Shefa, ancien membre du Parti travailliste, a tenu un discours inhabituel dans le paysage politique israélien. Intervenant dans le contexte explosif de l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, il a remis en question la logique de frappes préventives et plaidé pour une approche fondée sur le droit international et la retenue.
« Les premiers à avoir frappé, c’est Israël. » C’est par cette affirmation que Ram Shefa ouvre son propos. Il interroge ensuite : « Est-ce qu’on dit que l’Iran, le régime des Mollahs, n’a pas le droit de se défendre du fait (…) de sa rhétorique qui menace l’existence même de l’État hébreu ?» Pour lui, admettre ce raisonnement, c’est établir une « jurisprudence » lourde de conséquences.
Shefa élargit son analyse à d’autres cas potentiels : « La Corée du Sud envisage aujourd’hui de se doter de l’arme nucléaire. J’imagine que le régime nord-coréen va se sentir très menacé par cette perspective. Est-ce qu’il aurait donc la possibilité, de manière préventive, d’attaquer Séoul ? » En filigrane, il critique une logique d’agression qui pourrait, selon lui, se retourner contre ceux qui l’appliquent.
Bien qu’il exprime une forte condamnation morale du régime iranien, (« ce régime (des mollahs) qui pend les homosexuels, qui met en prison les femmes parce qu’elles refusent de porter un morceau de tissu »), il refuse que cela serve de justification à une intervention militaire directe : « La solution, ça n’est pas la décapitation physique d’un régime. Parce que qui sommes-nous pour décider que, oui, nous avons le droit de le décapiter ? »
Il insiste sur l’importance de « ce cadre (…) du droit, avec ses outils, qui souvent ne sont pas les blocs dont on rêve, mais des freins ». Face à une époque dominée par l’instantanéité, il prévient : « On veut mettre fin à cela tout de suite. Alors on déploie les missiles. Et il va y avoir des dommages collatéraux. Il va y avoir des boucliers humains. »
Enfin, il invite à tirer les leçons de l’Histoire : « C’est quoi le résultat de l’Irak en 2003 ? C’est la naissance de l’organisation État islamique. Et l’Afghanistan? et la Libye? … »
Ram Shefa pose ainsi une question centrale : jusqu’où peut-on aller au nom de la justice et de la sécurité sans devenir soi-même le vecteur de l’instabilité que l’on prétend combattre ?
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