Burkina Faso : Démantèlement d’un vaste réseau de fraudes foncières impliquant des acteurs judiciaires

Bobo-Dioulasso, 2 septembre 2025 – Le parquet général près la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso a annoncé l’incarcération de plusieurs acteurs judiciaires, dont un magistrat, un greffier en chef et deux greffiers de Ouagadougou, dans le cadre d’une affaire de fraudes foncières d’une ampleur inédite.
Selon le communiqué du Procureur général Adama Kahn, transmis le 27 août 2025, les mis en cause sont poursuivis pour stellionat, complicité de stellionat, corruption d’agents publics, faux et usage de faux en écriture publique.
Un système organisé de spoliation foncière
L’affaire remonte au 30 mai 2025, lorsqu’un citoyen, M. Bassirou Ouedraogo, a alerté la police après avoir découvert que des individus tentaient de vendre frauduleusement une parcelle héritée de sa défunte mère. L’enquête, menée par le commissariat central de Ouagadougou, a permis de mettre au jour un réseau composé de démarcheurs de parcelles, d’agents domaniaux et d’acteurs judiciaires.
Leur modus operandi consistait à identifier des terrains déjà attribués ou non, puis à fabriquer de fausses ordonnances judiciaires pour en certifier la vente ou en muter la propriété. Ces documents permettaient ensuite d’attribuer indûment les parcelles à des tiers ou de spolier les véritables propriétaires.
Plus de 380 fausses ordonnances émises
Les investigations révèlent qu’entre janvier 2021 et juin 2025, Yaya Coulibaly, alors juge au Tribunal de grande instance de Ouaga 1, a rendu pas moins de 385 ordonnances frauduleuses. Les vérifications auprès du greffe ont démontré que ces actes ne figuraient dans aucun registre officiel et comportaient même des numéros fictifs.
En contrepartie, les personnes mises en cause percevaient des sommes variant entre un million et un million cinq cent mille FCFA par dossier, ou recevaient directement des parcelles en guise de paiement. L’analyse des comptes Orange Money a confirmé l’existence d’échanges financiers réguliers entre les prévenus et établi l’ampleur d’un vaste réseau de faussaires.
La justice rassure sur le respect de la procédure
Tout en rappelant que les personnes poursuivies bénéficient de la présomption d’innocence, le Procureur général a assuré que la procédure se déroulera dans le strict respect des droits des prévenus. Il a également garanti que justice sera rendue aux victimes de ces pratiques frauduleuses.
Cette affaire, qui ébranle le milieu judiciaire burkinabè, illustre les dérives liées à la spéculation foncière et met en lumière la nécessité d’un renforcement des mécanismes de contrôle dans le secteur.
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