Burkina Faso : le divorce en forte hausse, un miroir des fragilités sociales

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Publié en décembre 2024, un rapport de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) dresse un état des lieux préoccupant du divorce au Burkina Faso. L’étude, qui porte sur les divorces prononcés dans neuf Tribunaux de Grande Instance (TGI) au cours de la période 2019-2023, révèle une montée constante des séparations conjugales, particulièrement au sein des jeunes couples, et met en avant les principaux facteurs qui fragilisent la cellule familiale. Au total, ce sont 2 083 divorces qui ont été prononcés dans ces TGI durant cette période.

Une progression inquiétante

Le rapport note une augmentation significative des cas de divorce, qui tendent à s’installer comme une réalité sociale, en particulier dans les zones urbaines. L’évolution du nombre de divorces montre une nette croissance, passant de 353 cas en 2019 à 459 en 2023, soit une augmentation de 23,1 %. Plus d’un divorce sur deux (56,1 %) a été prononcé au TGI de Ouaga I. Le rapport indique également que les couples mariés depuis moins de dix ans apparaissent comme les plus vulnérables.

Les causes majeures identifiées

L’étude met en lumière les motifs les plus fréquemment rencontrés dans les cas de divorce contentieux.
* La séparation de fait, qui est la cause la plus courante, est citée dans 48,4 % des cas.
* La violence conjugale (physique, psychologique ou verbale) est un motif récurrent, représentant 40,0 % des cas.
* L’adultère est également un facteur significatif, cité dans 27,4 % des cas de divorce.
* Les difficultés économiques, accentuées par le chômage et la précarité, qui nourrissent tensions et conflits autour de la gestion des ressources.
* Les conflits familiaux, souvent liés à l’ingérence des belles-familles dans la vie du couple.
* Les mariages précoces et forcés, où les époux, insuffisamment préparés, peinent à construire une relation durable.
* La migration et l’éloignement des conjoints, sources de suspicion, d’isolement et de ruptures de communication.

Des conséquences sociales multiples

Les impacts du divorce dépassent le cadre strictement conjugal. Sur le plan social, l’INSD pointe :
* La fragilisation des enfants, confrontés à des ruptures affectives et scolaires.
* La vulnérabilité des femmes, souvent désavantagées économiquement après la séparation.
* La pression financière sur les hommes, contraints d’assumer des pensions ou des charges liées à la rupture.
* La multiplication des familles monoparentales, qui bouleversent l’équilibre social traditionnel.

Quelles réponses pour l’avenir ?

Le rapport recommande de renforcer la médiation familiale et d’investir dans l’éducation conjugale et parentale avant et après le mariage. Il plaide également pour une lutte plus ferme contre les mariages précoces et forcés, ainsi qu’un meilleur accompagnement socio-économique des couples vulnérables. Enfin, il souligne la nécessité de mettre en place des dispositifs juridiques et sociaux visant à protéger les femmes et les enfants, les plus exposés après une séparation.

Cette étude de l’INSD alerte sur la montée du divorce au Burkina Faso, révélant un malaise conjugal nourri par des défis économiques, sociaux et culturels. Elle invite à un sursaut collectif, où la prévention, l’éducation et la solidarité doivent jouer un rôle central pour préserver la cellule familiale, socle de la société burkinabè.
Gildas Kinda
www.burkinaonline.net

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