Tensions diplomatiques : le Sénégal gèle la coopération judiciaire avec la France
Par la Rédaction – Samedi 13 décembre 2025
La coopération judiciaire entre la France et le Sénégal est désormais à l’arrêt. Dans une annonce à forte portée diplomatique, la ministre sénégalaise de la Justice, Mme Yassine Fall, a officialisé jeudi la suspension immédiate des procédures d’extradition vers l’Hexagone. Cette décision est motivée par l’absence de réciprocité de la part des autorités françaises et fragilise l’accord-cadre signé entre les deux pays en 2021.
La réciprocité comme ligne rouge
Au cœur de ce différend figure le refus de Paris d’exécuter des demandes d’extradition formulées par Dakar concernant deux ressortissants sénégalais : le journaliste et patron de presse Madiambal Diagne et l’homme d’affaires Doro Gaye.
Estimant que la France a rompu l’équilibre indispensable à toute entraide pénale internationale, Mme Yassine Fall s’est montrée ferme devant la représentation nationale : « Nous avons fourni toutes les justifications nécessaires, mais la France n’a pas renvoyé ces deux individus », a-t-elle déclaré.
En réaction, Dakar adopte une posture de fermeté. Si les autorités sénégalaises continueront d’interpeller sur leur territoire les personnes recherchées par la justice française, aucun transfert ne sera effectué tant que la situation n’évoluera pas. « Nous ne les laissons pas en liberté s’ils sont coupables de crimes, mais nous ne les extraderons pas tant que la réciprocité ne sera pas respectée », a précisé la Garde des Sceaux.
Douze dossiers français en suspens
Cette mesure a des effets immédiats. Selon le ministère sénégalais de la Justice, douze personnes visées par des demandes d’extradition françaises voient désormais leurs dossiers gelés.
Cette situation place Paris dans une position délicate. Pour espérer la reprise des transferts, la France devra clarifier sa position sur les dossiers Diagne et Gaye, sous peine d’une paralysie durable de la coopération judiciaire avec un partenaire clé en Afrique de l’Ouest.
L’accord de 2021 à l’épreuve
La crise intervient alors que la Convention d’extradition du 7 septembre 2021 devait renforcer la lutte contre la criminalité transfrontalière. Elle se trouve aujourd’hui mise en échec.
Au-delà de l’aspect juridique, cet épisode traduit la volonté du Sénégal de redéfinir ses relations avec la France sur la base d’une stricte égalité souveraine. Le message est clair : la coopération ne saurait être à sens unique. Reste à savoir si la voie diplomatique permettra de désamorcer la crise avant qu’elle ne s’étende à d’autres domaines des relations bilatérales.
Gildas Kinda
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