Passe d’armes entre deux personnalités publiques : Adama Siguiré et Lamine Traoré croisent le fer par médias sociaux interposés.

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Une vive controverse oppose actuellement deux figures du débat public burkinabè : l’écrivain et consultant Adama Amadé Siguiré et le journaliste Lamine Traoré. L’origine de cette tension remonte à une tribune virulente publiée le 12 juin 2025 par Adama Siguiré, dans laquelle il s’en prend au journal Jeune Afrique.

Dans ce texte intitulé « Aucun journaliste de Jeune Afrique n’ira au paradis », Siguiré réagit à un article du média panafricain intitulé : « Recrutés par la propagande pro-Ibrahim Traoré, ils se retrouvent à travailler dans les mines d’or illégales ». L’écrivain dénonce ce qu’il considère comme une campagne de désinformation et une attaque injuste contre le Burkina Faso et ses soutiens. Il remet en question l’objectivité des journalistes de Jeune Afrique, qu’il accuse de mentir et de manipuler l’opinion publique :

« Le journalisme est mort. L’information neutre n’existe plus. […] Ces gens-là mentent, ils manipulent l’information. »

Dans un ton radical, Siguiré revendique une posture assumée de confrontation, allant jusqu’à affirmer que seuls ceux capables de faire le mal peuvent survivre dans le monde actuel. Un discours qui a suscité de vives réactions, notamment après avoir été relayé par le journaliste Lamine Traoré sur Burkina Yawana, suivie par des milliers d’internautes.

C’est justement cette reprise qui a mis le feu aux poudres. Adama Siguiré a accusé le journaliste de favoriser les insultes et les commentaires haineux à son encontre en diffusant ses propos. Il y voit une campagne déguisée de dénigrement personnel.

Face à ces accusations, Lamine Traoré est sorti de son silence. Dans une réponse posée mais ferme, il déclare n’avoir « aucune haine personnelle » envers Siguiré. Il rappelle que ce dernier, désormais membre de la Commission nationale de la Confédération des États du Sahel, est une personnalité publique, et que ses prises de position intéressent donc légitimement les médias.

« Je ne fais que relayer ses propos sans plus ni moins. […] Les réactions des gens, pour ou contre, je n’y peux vraiment pas grand-chose. »

Traoré précise par ailleurs qu’il modère les commentaires sur sa page, surtout depuis une précédente audition devant le Conseil supérieur de la communication (CSC), et qu’il s’efforce de rester dans les limites de l’éthique journalistique.

Cet échange révèle plus qu’un simple malentendu : il met en lumière une fracture entre deux visions de l’engagement public. D’un côté, une parole revendicative, tranchante et militante ; de l’autre, un journalisme de relais, qui défend son rôle de médiateur de l’opinion sans en assumer les conséquences émotionnelles.

Ce débat, au-delà des personnes, soulève des questions fondamentales sur les rapports entre médias, figures publiques et espace numérique au Burkina Faso. Jusqu’où peut aller la liberté d’expression ? Qui est responsable des réactions qu’elle suscite ? Et à partir de quand la critique devient-elle attaque ?

À l’ère des réseaux sociaux, où chaque mot peut devenir viral, la frontière entre tribune, provocation et discours de haine reste plus fine que jamais.

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