« Il faut qu’on réforme le système bancaire », a déclaré le capitaine Ibrahim Traoré à Pô: vers une monnaie souveraine pour l’AES.

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Le 14 juin 2025 à Pô, le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a prononcé un discours remarqué, dans lequel il a évoqué plusieurs problématiques de développement, dont celle de la monnaie et l’avenir économique de l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans un ton direct et pédagogique, il a abordé sans détour la nécessité de rompre avec la dépendance monétaire actuelle, appelant à une réforme profonde du système bancaire et à la création d’une monnaie propre à l’AES.

« Il faut qu’on réforme le système bancaire. » Cette phrase, prononcée par le président Traoré à Pô, résume l’esprit d’un projet de transformation économique radicale. Mais très vite, il précise l’ampleur du chantier : « Mais réformer le système bancaire, ça stipule un gros travail qui est en cours. »

Ce « gros travail », c’est celui qui consiste à sortir l’AES de la dépendance au système monétaire actuel, dominé par la BCEAO. Pour Ibrahim Traoré, la question monétaire est le cœur du problème. « Il faut le dire clairement, il faut la monnaie. Sinon notre système bancaire est arrimé à un système… » Un système dans lequel les banques locales n’ont ni autonomie ni pouvoir décisionnel sur les taux d’intérêt.

« La BCEAO, ce n’est pas pour nous », a-t-il lancé, marquant la nécessité d’une rupture avec l’institution financière ouest-africaine.

Il poursuit : « Les banques au Burkina ne décident pas du taux en tant que tel. Parce qu’elles aussi prennent le prêt à un taux donné. Donc elles sont obligées d’ajouter un peu ici. » Résultat : le crédit devient un fardeau pour les entrepreneurs. « Quelqu’un a une idée pour créer une entreprise. Mais quand il part, il voit le prêt même, c’est difficile. Question de garantie, c’est difficile. »

La cause ? L’absence de souveraineté monétaire. « Parce qu’on ne maîtrise pas notre système monétaire, notre système bancaire. Donc on ne peut pas se développer comme ça, c’est pas possible. Ça freine tout. »

Dans cette logique, la solution est claire : créer une monnaie propre à l’AES. « Quand on sera maîtres de notre monnaie, on va fixer un taux, il y aura une commission bancaire qui va gérer. Le taux de crédit et tout. » Il imagine un système souple, réactif, aligné sur les priorités des États sahéliens.

Et il interpelle : « Il y a des pays où le crédit c’est 1 %, 2 %. Ils arrivent à partir la plupart du temps, c’est comme ça non ? Mais pourquoi ici c’est comme ça ? Il faut vous poser la question. » Cette comparaison internationale est un appel à sortir du carcan hérité de la colonisation économique.

Enfin, dans une formule qui mêle assurance et appel à la patience, il conclut : « On est bien conscients, le travail avance. Et suivez seulement. Vous verrez, s’il vous plaît, à Dieu. »

Avec cette déclaration, le président Traoré ne lance pas un simple débat technique. Il pose les fondations d’un basculement historique probable  : la création d’une monnaie de l’AES comme instrument de souveraineté, de justice économique et d’émancipation.

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