Le retour stratégique des États-Unis au Sahel sous Trump : diplomatie transactionnelle et enjeux sécuritaires

Selon Africa Intelligence, depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’administration américaine opère un repositionnement stratégique au Sahel, avec une approche assumée de diplomatie transactionnelle. Cette orientation vise à renouer le dialogue avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Burkina Faso, Mali et Niger — rompant ainsi avec la posture plus prudente et distanciée adoptée sous Joe Biden.
Réengagement sous conditions
Le Département d’État cherche à reconstruire un cadre de coopération sécuritaire avec les pays de l’AES, dans le but de freiner la progression du terrorisme dans la région. Des négociations ont été amorcées, notamment avec le Niger, autour de la remise en état d’un avion militaire C-130 bloqué à Lomé, en raison de restrictions sur l’exportation de pièces détachées américaines.
Ce réengagement se veut gradué et pragmatique, misant sur une reprise progressive des échanges à condition de garanties politiques.
Une stratégie impulsée depuis la Maison-Blanche
La dynamique est largement portée par la Maison-Blanche, notamment par le National Security Council (NSC) dirigé par Sebastian Gorka, figure influente du camp trumpiste. Le diplomate William B. Stevens a récemment effectué une tournée régionale, avec des étapes à Ouagadougou et Niamey, où il a rencontré plusieurs responsables pour discuter à la fois des besoins sécuritaires et civils (énergie, transport, industrie minière).
Ouverture commerciale, cadre juridique strict
Si l’aide militaire directe est suspendue depuis les coups d’État, la vente de matériel militaire reste envisageable dans le cadre du programme Foreign Military Sales (FMS), à condition de suivre un processus de vérification rigoureux. Washington pose également comme exigence le respect des usages diplomatiques, comme la non-rétention des passeports du personnel étranger et l’intégrité des valises diplomatiques.
Par ailleurs, des discussions sont ouvertes sur des besoins non militaires, notamment en équipements énergétiques et industriels, avec des entreprises comme Caterpillar mentionnées comme fournisseurs potentiels.
Le Sahel : nouveau laboratoire géopolitique ?
Selon Africa Intelligence, le Sahel devient un laboratoire géopolitique pour l’administration Trump, mêlant sécurité, diplomatie économique et enjeux énergétiques. Cette stratégie, fondée sur l’échange d’intérêts concrets, vise à restaurer l’influence américaine dans une région où la présence occidentale s’est érodée, tout en s’affranchissant des contraintes morales ou juridiques liées à la légitimité démocratique des régimes en place.
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(d’après Africa Intelligence)