Burkina Faso : tentative d’assassinat, Ladji de Kikideni choisit de pardonner et retire sa plainte

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Quelques jours après avoir échappé à une tentative d’assassinat, Rasmané Ouédraogo, plus connu sous le nom de Ladji de Kikideni, a surpris l’opinion publique par un geste rare : il a retiré sa plainte et pardonné à son agresseur, invoquant les valeurs culturelles africaines et la parenté à plaisanterie.

« Celui qui a essayé de m’assassiner est un parent à plaisanterie. Culturellement, je n’ai pas le droit de l’attaquer », a-t-il déclaré, ému, lors d’une communication publique sur la culture.

Selon ses propos, une délégation d’autorités coutumières, envoyée par le Mogho Naba, s’est rendue à son domicile après les faits. Ces émissaires lui ont rappelé la portée symbolique du pardon dans la société africaine:

« Tu viens de la terre, tu y retournera. Ce n’est pas parce qu’on a essayé de te tuer que tu dois tuer. »

Touché par la démarche et par la supplique de la mère de son agresseur, Ladji a décidé de retirer sa plainte devant le procureur de la République, expliquant son choix par la sagesse africaine :

« Même si mon frère a quitté le chemin normal, sa mère est ma mère  aussi, je devais prendre cela en considération. »

Ladji s’est adressé directement à son agresseur : « J’espère que tu as compris le sens de mon pardon ». Par ce geste, il a montré que, malgré la gravité de la tentative d’assassinat, il privilégiait la réconciliation et le respect des valeurs culturelles, plaçant le pardon au-dessus de la vengeance.

En déclarant « je comprends le sens profond de cette interpellation », Ladji illustre la puissance de la conciliation coutumière face à la justice moderne.

« En Afrique, nous avons des ressorts sur lesquels il faut s’appuyer », a-t-il conclu.

Cette affaire, survenue il y a quelques semaine, continue de susciter un large débat au Burkina Faso entre pardon culturel et exigence de justice formelle.

La décision de Ladji de Kikideni de retirer sa plainte soulève une question importante : le simple retrait d’une plainte suffit-il à éteindre l’action publique ? Au Burkina Faso, l’action publique, qui vise à protéger l’ordre public et les intérêts de la société, peut se poursuivre même si la victime retire sa plainte, notamment pour les infractions graves comme la tentative d’assassinat. Le geste de pardon de Ladji, s’il illustre la force des valeurs culturelles et de la conciliation, ne garantit pas automatiquement que l’auteur des faits échappe à toute poursuite judiciaire, car le procureur de la République peut décider de maintenir l’action publique indépendamment de la volonté de la victime.

Gildas Kinda

www.burkinaonline.net

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