Burkina Faso : Près de 70 % des réserves administratives illégalement occupées, selon le ministre d’État Émile Zerbo

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Ouagadougou, 11 novembre 2025 – La députée Assita Françoise Romaine Bailou a interpellé le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Mobilité, Émile Zerbo, sur la situation alarmante des espaces verts et réserves administratives dans les centres urbains du Burkina Faso, lors d’une séance plénière de l’Assemblée législative de transition.

Trois questions majeures ont été posées : l’état actuel des espaces verts et réserves foncières, les mesures envisagées pour protéger ces espaces et les actions de coordination pour démanteler les installations illégales.

Des chiffres préoccupants

Le ministre Zerbo a dressé un constat sans appel : sur 7076 réserves administratives recensées en 2024, 4894 sont illégalement occupées, soit 69,16 %. Les communes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso concentrent à elles seules 600 réserves, dont 365 occupées illégalement.

Concernant les espaces verts, 1553 ont été recensés (1115 à Ouagadougou et 438 à Bobo-Dioulasso), mais 700 d’entre eux, soit 45 %, sont aujourd’hui envahis par des constructions ou des installations illicites.

Des occupations multiples et anarchiques

Les espaces initialement destinés à l’embellissement urbain sont désormais occupés par des mosquées, églises, écoles, habitations, commerces, garages, stations d’essence, maquis ou encore dépotoirs d’ordures.

« Le changement de destination de ces espaces est pourtant proscrit par la loi, sauf pour des motifs d’utilité publique », a rappelé le ministre d’État, soulignant le rôle des collectivités territoriales dans leur gestion, en lien avec les ministères de l’Urbanisme et de l’Environnement.

Des actions engagées mais jugées insuffisantes

Pour contrer cette situation, le ministère a engagé, avec la commune de Ouagadougou, plusieurs mesures de régulation : interdiction des constructions définitives dépassant 30 % de la superficie, contrôle strict de l’hygiène et de la sécurité, résiliation des conventions en cas d’abus, et création d’un comité de veille chargé du suivi des espaces concédés.

La commune de Ouagadougou, de son côté, a élaboré un Plan stratégique d’aménagement et de gestion des espaces verts (PSAGEV) 2022-2024, articulé autour de trois axes : amélioration de la gouvernance, renforcement du cadre réglementaire et aménagement durable.

Vers des mesures plus coercitives

Le ministre a reconnu que ces dispositions restent limitées et qu’il est désormais nécessaire d’adopter des textes plus opérationnels et coercitifs. Le gouvernement prévoit notamment la création de Brigades vertes dans les arrondissements de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso pour assurer une gestion de proximité et veiller à la protection des sites.

Il a également annoncé la suspension des autorisations de changement de destination et de vente de terrains situés sur les réserves administratives ou espaces verts, ainsi que la levée partielle de la suspension des demandes d’aménagement dans un cadre mieux contrôlé.

Enfin, un comité interministériel sera mis en place pour mieux encadrer la cession des réserves foncières et renforcer la coordination avec l’Office national du contrôle des aménagements et des constructions (ONC-AC), chargé de surveiller toute occupation illégale.

« La protection des espaces verts n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour la santé, l’équilibre écologique et le cadre de vie des citoyens », a conclu le ministre Émile Zerbo, appelant à une mobilisation collective pour préserver ces zones vitales dans les grandes villes du Burkina Faso.

Gildas Kinda

www.burkinaonline.net

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