Macron en Afrique : une tournée stratégique pour réinventer les relations franco-africaines

À partir de ce  20 novembre 2025, Emmanuel Macron entame une tournée de cinq jours sur le continent africain, marquant une ambition diplomatique forte pour redéfinir les liens entre la France et plusieurs pays stratégiques. Cette visite s’annonce comme un moment charnière dans la diplomatie française, à la croisée des questions économiques, mémorielles et géopolitiques.

Les étapes de la tournée

Le président français débutera son périple à l’Île Maurice, première escale de la tournée.

Il se rendra ensuite en Afrique du Sud, où il participera au sommet du G20 à Johannesburg.

Les deux dernières étapes de son voyage le mèneront au Gabon, où il rencontrera le président Brice Clotaire Oligui Nguema, puis en Angola, pour un sommet Union européenne – Union africaine.

Les objectifs affichés

Selon l’Élysée, cette tournée vise à impulser de nouvelles dynamiques avec l’Afrique et à valoriser un renouvellement des relations franco-africaines.

Plusieurs axes sont mis en avant :

• Économie : renforcer des partenariats jugés plus équilibrés, en impliquant les entreprises françaises dans des projets structurants.

• Jeunesse et société civile : développer une approche moins centrée sur les seuls pouvoirs politiques et davantage tournée vers les jeunes et les acteurs sociaux.

• Mémoire et histoire : inscrire l’action diplomatique dans une logique de reconnaissance et de respect mutuel en s’éloignant des logiques héritées de la Françafrique.

• Sécurité et coopération régionale : notamment dans l’océan Indien, avec un accent sur la surveillance maritime et la lutte contre les trafics.

Les enjeux géopolitiques

Cette tournée intervient dans un contexte de perte d’influence progressive de la France en Afrique, dans un environnement très concurrentiel où d’autres puissances renforcent leur présence économique, militaire ou diplomatique.

La stratégie française se veut désormais moins axée sur la présence militaire et davantage sur la coopération économique, sociale et climatique.

À l’Île Maurice, Macron entend réaffirmer l’importance stratégique de l’océan Indien, tant pour les échanges économiques que pour la sécurité maritime.

En Afrique du Sud, il mettra en avant une vision d’avenir, consolidée par le G20 et par la mise en place d’un conseil d’affaires franco-sud-africain.

Au Gabon, il souhaite encourager la diversification économique du pays en offrant des opportunités aux entreprises françaises.

En Angola, le sommet Union européenne – Union africaine portera sur les infrastructures, le développement et le rôle de l’Europe dans le continent africain.

Les défis et critiques

1. Méfiance mémorielle : évoquer la colonisation ou les relations passées peut raviver des tensions, surtout dans les pays où l’histoire franco-africaine demeure sensible.

2. Concurrence internationale : la présence croissante de puissances comme la Chine, la Russie ou l’Inde complexifie la marge de manœuvre française.

3. Crédibilité après les retraits militaires : le repositionnement stratégique de la France doit se traduire par des engagements concrets pour être perçu comme sincère.

4. Réception locale : certains dirigeants et populations pourraient voir cette tournée comme une tentative d’influence plutôt que comme un partenariat égalitaire.

Perspectives

Si cette tournée parvient à instaurer des engagements concrets et durables, elle pourrait marquer un tournant vers une relation plus moderne, équilibrée et ouverte entre la France et l’Afrique.

Dans le cas contraire, elle pourrait être perçue comme un exercice de communication, sans réelle transformation des dynamiques de coopération.

Gildas Kinda

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