Monnaie: La fin du FCFA en Afrique centrale ? La CEMAC passe à l’action

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Le 10 septembre dernier, lors d’un sommet ordinaire tenu à Bangui, capitale de la République centrafricaine, les chefs d’État des six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont franchi une étape décisive : celle de mettre officiellement à l’agenda la question de la réforme du Franc CFA.Selon le journal camerounais Diapason, cette décision marque l’ouverture d’un chantier historique, attendu depuis plusieurs décennies par les opinions publiques et les milieux économiques de la sous-région.

Une confirmation venue de Malabo

De retour de Bangui, le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a confirmé devant la presse nationale que les discussions ont bien porté sur une « réforme historique » de la monnaie commune.Des sources diplomatiques évoquent des échanges « vifs mais constructifs », portant sur les fondements mêmes de l’architecture monétaire actuelle, héritée de la période coloniale. L’heure semble donc venue pour les dirigeants de la CEMAC de s’attaquer aux critiques récurrentes qui entourent le Franc CFA et de répondre aux attentes de leurs peuples.

Trois axes pour une refonte en profondeur

D’après les informations recueillies par Actu Cameroun, le projet de réforme s’articulerait autour de trois piliers majeurs :

  1. Un nouveau nom pour une nouvelle ère  À l’image de leurs homologues d’Afrique de l’Ouest qui ont lancé l’« Eco », les pays de la CEMAC envisagent d’abandonner l’appellation « Franc CFA ». Cette désignation, souvent perçue comme le symbole d’un héritage colonial, pourrait céder la place à une dénomination incarnant souveraineté, unité et ambition collective.

  2. La remise en cause de la parité fixe avec l’euro

    Jusqu’ici, la parité entre l’euro et le Franc CFA (1 € = 655,957 FCFA) était considérée comme intouchable. Désormais, l’idée de lier la monnaie à un panier de devises est sur la table. Une telle évolution permettrait aux économies de la sous-région de mieux absorber les chocs extérieurs et d’adapter leur politique monétaire à leurs réalités.

  3. La fin du compte d’opérations au Trésor français

    C’est sans doute la mesure la plus symbolique et la plus attendue : mettre un terme au mécanisme qui oblige la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) à déposer la moitié de ses réserves de change au Trésor français. Le rapatriement total de ces avoirs constituerait un tournant décisif vers une véritable souveraineté monétaire, tout en transférant l’entière responsabilité de la stabilité financière aux institutions régionales.

Un chantier à forts enjeux politiques et économiques

La réforme du Franc CFA au sein de la CEMAC, si elle se concrétise, marquerait une rupture historique avec plus de 70 ans de dépendance vis-à-vis de la France. Toutefois, elle s’accompagne de défis majeurs : renforcer la crédibilité des institutions régionales, garantir la confiance des investisseurs et préserver la stabilité économique dans une sous-région régulièrement confrontée à des crises politiques et sécuritaires. Les prochains mois seront donc décisifs pour mesurer la volonté politique des dirigeants et la capacité de la CEMAC à assumer une souveraineté monétaire complète.

Gildas Kinda

www.burkinaonline.net avec Afrique en Eveil

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