Cameroun : les services de renseignement alertent sur un « coup d’État politique » et la probable victoire de l’opposition

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Deux rapports confidentiels des services de renseignement camerounais, transmis en juillet 2025 au président Paul Biya, tirent la sonnette d’alarme. Ils évoquent la possibilité d’un « coup d’État politique » au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir depuis plus de quarante ans. Ces notes vont plus loin : elles estiment « probable » une victoire de l’opposition lors de la présidentielle prévue en octobre prochain, une perspective inédite dans l’histoire politique récente du Cameroun.

Des recommandations pour fragiliser l’opposition

Face à ce scénario, les rapports proposent une série de mesures destinées à empêcher une alternance. L’une des recommandations centrales est de favoriser la fragmentation de l’opposition, qui cherche depuis plusieurs mois à bâtir une coalition. Les services redoutent que, si les principaux partis parviennent à s’unir derrière un candidat unique, le RDPC ne soit incapable de l’emporter, surtout dans un contexte de divisions internes et de fatigue populaire vis-à-vis du régime.

Un parti au pouvoir fragilisé

Le RDPC traverse une période de fortes turbulences. Plusieurs cadres contestent la légitimité des instances dirigeantes, soulignant que le dernier congrès ordinaire remonte à 2011, en violation des statuts du parti. Cette contestation a été portée devant la justice par des membres dissidents et reflète une crise de gouvernance interne, accentuée par l’affaiblissement du bureau politique. Ces divisions fragilisent l’unité du parti et augmentent le risque d’un effritement, ouvrant la voie à l’opposition qui pourrait tirer parti de ces failles à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Une opposition en quête d’unité

En parallèle, l’opposition apparaît plus déterminée que jamais. Maurice Kamto, chef du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), multiplie les mises en garde contre des « manœuvres antidémocratiques ». Il accuse le pouvoir de vouloir « créer artificiellement des divisions » pour briser l’élan d’union. D’autres leaders, y compris dans la société civile, plaident pour une candidature commune afin de maximiser leurs chances.

Les services de renseignement estiment que cette dynamique d’unité, si elle se concrétise, pourrait aboutir à une victoire de l’opposition dès le premier tour. Mais ils évoquent aussi le risque d’instabilité : en cas de victoire contestée, le Cameroun pourrait être exposé à des tensions politiques majeures, voire à un coup d’État militaire, scénario redouté par plusieurs observateurs.

Un tournant politique incertain

Ces révélations mettent en lumière une double fragilité : celle du RDPC, miné par ses propres divisions, et celle du système politique camerounais, qui peine à envisager une alternance pacifique. À moins d’un sursaut d’unité du parti présidentiel ou d’un éclatement de l’opposition, la présidentielle d’octobre 2025 pourrait constituer un tournant historique, avec la perspective réelle d’une transition politique dans un pays resté sous la même direction depuis plus de quatre décennies.

Gildas Kinda

www.burkinaonline.net

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