🇳🇬 Wole Soyinka, critique de Donald Trump, voit son visa américain révoqué
Le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka, 89 ans, a révélé que son visa pour les États-Unis venait d’être annulé par les autorités américaines. L’annonce, faite le 28 octobre 2025, a immédiatement suscité des réactions dans le monde intellectuel et diplomatique.
Une lettre de révocation sans explication claire
Selon l’écrivain, le consulat américain à Lagos lui a adressé une lettre datée du 23 octobre 2025, indiquant que « des informations supplémentaires sont devenues disponibles après l’émission du visa ». Aucun détail n’a été fourni sur la nature de ces informations.
Soyinka a confié à la presse nigériane qu’il n’avait « aucune intention de redemander un visa », ajoutant avec ironie :
« Je suis très content qu’ils aient pris cette décision avant moi. »
Une longue histoire de désaccord avec Donald Trump
Wole Soyinka est connu pour ses prises de position virulentes contre le président américain Donald Trump, qu’il a un jour comparé au dictateur ougandais Idi Amin Dada.
Dès 2016, au lendemain de l’élection de Trump, il avait détruit sa “green card” (sa carte de résident permanent) en signe de protestation, déclarant qu’il ne voulait plus vivre « dans un pays gouverné par un tel homme ».
Il a souvent accusé Trump d’avoir encouragé la xénophobie et sapé les valeurs démocratiques, tout en critiquant la montée du populisme aux États-Unis.
Hypothèses et réactions
Officiellement, le département d’État américain n’a pas expliqué les raisons précises de cette révocation. Toutefois, plusieurs observateurs y voient une décision à coloration politique, dans un contexte où l’administration Trump, de retour sur la scène politique, a resserré sa politique migratoire et intensifié les contrôles de visas pour les étrangers jugés « non coopératifs ».
Des voix au Nigeria dénoncent une atteinte à la liberté d’expression. Le journaliste Femi Ogunleye estime que cette mesure « ressemble davantage à une sanction politique qu’à une simple procédure administrative ».
Une réaction détachée
Loin de s’en émouvoir, Wole Soyinka a réagi avec le calme et l’humour qu’on lui connaît :
« Les États-Unis ne sont pas le centre du monde. Je peux respirer librement ailleurs. »
L’auteur de Les Interprètes et de La Mort et l’Aube du Roipoursuit actuellement une tournée de conférences sur la liberté intellectuelle et la montée des autoritarismes.
🖋️ Analyse
L’affaire soulève des questions sur la frontière entre sécurité et liberté d’opinion. Si la révocation du visa est officiellement administrative, elle intervient dans un contexte où les artistes et intellectuels critiques de Donald Trump sont souvent ciblés symboliquement.
Soyinka, fidèle à lui-même, transforme l’incident en un acte de défi intellectuel : une nouvelle preuve que la parole libre reste son arme la plus redoutable.
Gildas Kinda
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