Cour d’appel : Camille Yé et Tiégnan s’accusent mutuellement
Le procès en appel du vaste détournement présumé de plus de trois milliards de francs CFA au ministère de l’Action humanitaire s’est poursuivi, mardi 4 novembre 2025, devant la Cour d’appel de Ouagadougou. Au centre des débats : Camille Yé Yaké, ancien Directeur de la gestion des finances (DGEF), entendu comme témoin, mais dont le rôle continue de susciter de fortes interrogations.
Arrivé au ministère en mars 2023, Camille Yé affirme avoir découvert en septembre 2024 d’importantes sorties d’argent sur le compte géré par son subordonné, Amidou Tiégnan, principal accusé dans cette affaire. Il reconnaît avoir constaté plusieurs opérations suspectes, mais nie toute implication personnelle. Selon lui, Tiégnan aurait imité sa signature pour encaisser des chèques sans son autorisation.
Toutefois, à la barre, Amidou Tiégnan maintient une version opposée : il accuse Yé d’avoir orchestré l’ensemble du système. Il affirme s’être entraîné à imiter sa signature sous les directives de son supérieur, allant jusqu’à lui envoyer des essais pour validation. Salifou Ouédraogo, également impliqué, soutient ces accusations et parle d’un « partage » opéré entre les trois hommes.
Face à ces déclarations, le procureur général a rappelé à Tiégnan sa responsabilité personnelle : « Vous pouviez refuser », l’a-t-il recadré, soulignant qu’il avait agi en pleine conscience des actes posés.
Camille Yé, lui, affirme avoir alerté à plusieurs reprises sur les irrégularités, allant jusqu’à adresser une note écrite. Il reconnaît toutefois n’avoir jamais sanctionné son gestionnaire de compte, expliquant qu’il manquait d’alternatives et que le rapport de l’ASCE-LC n’avait pas recommandé son remplacement.
Un élément surprenant a également été relevé : les parties ont toutes convenu que Camille Yé ne devait pas prêter serment, car il est visé par une autre procédure ouverte après le verdict de première instance.
L’audience, suspendue dans l’après-midi, doit reprendre ce 5 novembre 2025 avec la constitution des parties civiles et la comparution d’autres témoins. Un procès où les versions contradictoires et les accusations croisées continuent d’alimenter le flou sur l’ampleur réelle du réseau et les responsabilités de chacun.
Naké Alex
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