Capacités militaires européennes : selon Kiel et Bruegel, l’Europe reste vulnérable face à la Russie

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À l’heure où les tensions géopolitiques en Europe de l’Est demeurent vives, une étude conjointe du Kiel Institute for the World Economy et du think tank bruxellois Bruegel dresse un constat inquiétant : l’Europe n’est pas prête à faire face seule à une éventuelle confrontation militaire avec la Russie d’ici 2030.

Intitulée “Fit for War by 2030?”, cette analyse, publiée initialement en septembre 2024 et mise à jour en juin 2025, examine les efforts de réarmement européens à la lumière des besoins stratégiques imposés par la guerre en Ukraine et l’évolution des dépenses militaires russes.

Une production militaire encore insuffisante

Malgré des budgets de défense en hausse dans la plupart des pays européens, les auteurs de l’étude estiment que les capacités industrielles restent très en deçà des standards russes. Pour espérer atteindre un niveau d’autonomie militaire crédible d’ici à la fin de la décennie, l’Europe devrait quintupler voire sextupler sa production de matériel lourd (chars, véhicules blindés, munitions, etc.).

Les retards dans les livraisons – souvent supérieurs à trois ans – et la fragmentation du marché européen de l’armement, où les États commandent de façon isolée, aggravent les délais et les coûts. Cette absence de coordination nuit fortement à l’efficacité des investissements consentis.

Une dépendance persistante aux États-Unis

L’étude souligne également la dépendance persistante de l’Europe vis-à-vis des États-Unis, notamment pour les fonctions stratégiques telles que le renseignement, la logistique, les frappes à longue portée ou encore le commandement intégré. Une situation jugée intenable dans un contexte où le soutien américain pourrait se redéfinir ou diminuer, notamment en fonction des prochaines échéances électorales à Washington.

Un effort budgétaire encore trop timide

Pour combler ce retard, l’étude recommande aux États européens d’investir collectivement au moins 250 milliards d’euros par an, soit environ 1,5 % du PIB européen, tout en améliorant fortement la coordination des achats et la mutualisation des capacités. À titre de comparaison, la Russie consacre actuellement plus de 6 % de son PIB à son effort militaire.

L’Europe à la croisée des chemins

L’étude du Kiel Institute et de Bruegel sonne comme un appel à l’action. Alors que la Russie poursuit sa militarisation rapide, l’Europe ne dispose, selon les chercheurs, que de cinq années pour éviter une dépendance militaire prolongée ou une vulnérabilité stratégique.

La conclusion est claire : sans une réponse unifiée, ambitieuse et structurée, l’Europe restera incapable de se défendre seule en cas de retrait du parapluie américain. Une situation qui remet en question les fondements mêmes de l’autonomie stratégique du continent

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