Le Nigéria dit non à Trump : le pays rejette la demande des États-Unis d’accepter des migrants vénézuéliens expulsés

Les relations migratoires entre les États-Unis et l’Afrique connaissent une nouvelle tension. Depuis plusieurs semaines, Washington tente de convaincre certains pays africains d’accepter des migrants expulsés du territoire américain, en particulier des ressortissants vénézuéliens. Cette stratégie de “déportation vers un pays tiers” rappelle d’autres pratiques controversées, notamment celles observées en Europe.
Une demande inhabituelle
L’administration américaine, confrontée à des difficultés juridiques et politiques pour rapatrier certains migrants dans leur pays d’origine (comme le Venezuela), a discrètement entamé des discussions avec plusieurs pays africains. Objectif : que ces pays acceptent d’accueillir sur leur sol des migrants n’ayant aucun lien avec eux, y compris d’anciens prisonniers.
Le Nigeria, puissance majeure d’Afrique de l’Ouest, a été l’un des premiers à s’opposer fermement à cette demande. Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a déclaré :
« Il serait difficile pour un pays comme le Nigeria d’accepter des prisonniers vénézuéliens… Nous avons suffisamment de problèmes. »
D’autres pays africains approchés
Selon plusieurs sources, dont l’agence Reuters, les États-Unis ont approché au moins cinq autres pays d’Afrique de l’Ouest : le Sénégal, la Mauritanie, le Liberia, le Gabon et la Guinée-Bissau. Si ces États n’ont pas officiellement confirmé ou rejeté la proposition, leur silence contraste avec la fermeté du Nigeria.
Plus surprenant, le Soudan du Sud aurait déjà accepté 8 migrants expulsés des États-Unis, dont un seul était sud-soudanais. Ce transfert a été vivement critiqué à Juba par une partie de la société civile, qui dénonce une instrumentalisation du pays.
Le Rwanda, candidat stratégique ?
D’après certains observateurs, le Rwanda serait également en discussion avec les États-Unis pour signer un accord de réadmission, similaire à celui conclu avec le Royaume-Uni. Kigali, en quête de partenariats internationaux, pourrait accepter cet accord en échange d’avantages économiques ou diplomatiques.
Une logique contestée
Ces propositions suscitent une indignation croissante dans les milieux panafricanistes, les ONG et certains cercles diplomatiques. Plusieurs dénoncent une vision néocoloniale des relations internationales où l’Afrique serait traitée comme un “terrain de déversement” des problèmes du Nord.
Le Centre africain pour les migrations souligne :
« Ces migrants n’ont aucun lien juridique, historique ou culturel avec les pays ciblés. C’est une externalisation brutale de la politique migratoire américaine. »
Une souveraineté à défendre
Face à ces manœuvres, la réponse du Nigeria a été saluée comme un acte de souveraineté. Pour de nombreux Africains, cette affaire soulève une question essentielle : les États africains doivent-ils se laisser instrumentaliser par les puissances étrangères sur des dossiers aussi sensibles que la migration ?
L’Afrique est à un tournant. Refuser de devenir un exutoire migratoire pour les grandes puissances, c’est affirmer une souveraineté nouvelle. Mais pour cela, encore faut-il que les gouvernements du continent parlent d’une même voix.
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