Paul Biya, 92 ans, candidat à un 8e mandat : Une image dégradante de l’Afrique

À 92 ans, Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982, se positionne une fois de plus comme candidat pour un 8e mandat. Une décision qui suscite des questionnements, tant au Cameroun qu’à l’international. Quarante-deux ans après son accession au pouvoir, beaucoup s’interrogent : n’y a-t-il pas de jeunes compétents capables d’assurer la relève ? Quel est le vrai bilan de ces quatre décennies de règne ? Et surtout, que promet-il de nouveau, qu’il n’a pas pu réaliser en 40 ans ?
Une longévité politique exceptionnelle… mais à quel prix ?
Paul Biya est aujourd’hui l’un des plus anciens chefs d’État au monde. S’il a su maintenir une certaine stabilité dans un contexte régional troublé, son règne est marqué par un autoritarisme persistant, des élections contestées, une liberté d’expression réduite, une corruption endémique et une gestion économique critiquée.
Des régions entières, comme le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, sont plongées dans un conflit armé depuis 2016. Le chômage des jeunes reste alarmant, les infrastructures médicales et éducatives sont faibles, et l’alternance politique semble bloquée.
La jeunesse écartée : une anomalie africaine
Dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, voir un homme de 92 ans briguer un nouveau mandat illustre le fossé entre les élites au pouvoir et la majorité de la population. Ce refus de passer la main renforce l’image d’une Afrique figée, accrochée à ses dirigeants historiques, au détriment de l’innovation, du renouveau et de la démocratie.
Une image dégradante de l’Afrique
Au XXIe siècle, alors que l’Afrique cherche à s’imposer comme un continent d’avenir, dynamique et jeune, l’image renvoyée par un président nonagénaire au pouvoir depuis 1982 est désastreuse. Cela alimente les clichés de “gérontocratie”, de “république monarchique”, et de blocage démocratique. Pendant que d’autres pays africains expérimentent le changement et l’alternance, le Cameroun reste dans une forme d’immobilisme politique.
Que reste-t-il à faire ?
La grande question reste : que peut encore promettre Paul Biya qu’il n’a pas réalisé en quatre décennies ? Peut-on sérieusement croire qu’il incarnera le renouveau et les réformes dont le pays a cruellement besoin ? Ou s’agit-il d’une stratégie pour maintenir un système, une élite, et éviter l’ouverture démocratique véritable?
Cette nouvelle candidature de Paul Biya à 92 ans n’est pas seulement une affaire camerounaise. Elle interpelle toute l’Afrique sur la question de la transmission du pouvoir, de la vitalité démocratique et de l’avenir des jeunes générations. Le Cameroun, comme beaucoup d’autres pays, a besoin d’une nouvelle respiration politique. Continuer à repousser l’alternance, c’est prendre le risque d’une alternance par la violence.
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