L’Eco : la monnaie unique de la CEDEAO annoncée pour 2027

La CEDEAO relance son grand projet d’intégration économique : la création d’une monnaie unique, l’Eco. Son lancement est désormais prévu pour 2027, même si tous les pays membres ne seront pas prêts à cette date.
C’est ce qu’a annoncé Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO, lors des sessions mi‑annuelles conjointes de la CEDEAO, lancées le 4 août 2025 à Banjul en Gambie.
« Cette fois-ci, nous avancerons avec ceux qui sont prêts », a-t-il déclaré à cette occasion.
Une annonce qui marque un tournant dans une initiative vieille de plusieurs décennies.
Une stratégie plus flexible
Jusqu’ici, l’ambition de lancer l’Eco se heurtait à un obstacle majeur : plusieurs États ne remplissaient pas les critères économiques requis. Inflation trop élevée, déficit budgétaire trop important ou réserves insuffisantes… peu de pays arrivaient à respecter les règles fixées.
La nouveauté aujourd’hui, c’est que la CEDEAO opte pour une approche progressive. Autrement dit, les pays qui sont prêts pourront démarrer. Les autres suivront lorsqu’ils rempliront les conditions. Cette idée n’est pas nouvelle : elle avait déjà été évoquée en 2021, lors de la rencontre de Lomé, et semble désormais officiellement adoptée.
Pourquoi l’Eco est-elle si attendue ?
L’Eco ne représente pas seulement un changement de monnaie. Elle symbolise une volonté d’indépendance monétaire, en particulier pour les pays utilisant encore le franc CFA, souvent perçu comme un héritage colonial.
Elle vise aussi à :
• Renforcer la souveraineté économique de la région,
• Faciliter le commerce entre les pays membres,
• Créer une zone économique plus stable et plus forte face aux chocs extérieurs.
Le respect des critères de convergence
Le principal frein à la mise en place de l’Eco reste le non-respect des critères de convergence fixés par la CEDEAO. Pour garantir une stabilité monétaire commune, chaque pays devait maîtriser son inflation (≤ 5 %), limiter son déficit budgétaire (≤ 3 % du PIB) et contenir sa dette publique (≤ 70 % du PIB). Or, dans les faits, aucun État n’a réussi à respecter durablement l’ensemble de ces règles. Même les pays de l’UEMOA, pourtant mieux structurés grâce au franc CFA, n’ont pas toujours rempli tous les critères en même temps. Cette instabilité macroéconomique rend difficile une transition sereine vers une monnaie unique.
Cette fois-ci sera la bonne?
Lancé depuis les années 1980, le projet de monnaie unique a déjà été reporté à plusieurs reprises : 2003, 2005, 2010, 2020… autant d’échéances manquées qui ont fini par nourrir le scepticisme.
Mais cette fois, la donne semble avoir changé. En plus de la volonté politique affichée, la CEDEAO fait désormais face à une pression supplémentaire : celle des pays qui ont quitté l’organisation, notamment les membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui envisagent de créer leur propre monnaie.
Espérons donc que cette fois-ci sera la bonne, et qu’il n’y aura pas un nouveau report, comme cela est malheureusement devenu une habitude depuis les années 2000.
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