Gaza : le chef du gouvernement espagnol engage une confrontation diplomatique avec Israël

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Les relations entre Madrid et Tel-Aviv connaissent une sérieuse dégradation depuis la fin de l’année 2023. Les critiques répétées du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez contre l’action militaire israélienne à Gaza ont débouché, en 2024 et 2025, sur un affrontement diplomatique de plus en plus marqué.

Novembre 2023 : premiers doutes exprimés

Le 30 novembre 2023, en pleine reprise des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, Pedro Sánchez déclare avoir de « sérieux doutes » quant au respect par Israël du droit international humanitaire, au vu du nombre élevé de victimes civiles palestiniennes. Ces propos suscitent déjà l’hostilité des autorités israéliennes.

Avril 2024 : critique de la « réponse disproportionnée »

Le 10 avril 2024, Sánchez estime publiquement que les attaques israéliennes constituent une « réponse disproportionnée » et qu’elles menacent la stabilité du Moyen-Orient et au-delà. Cette déclaration renforce le malaise entre les deux capitales et marque un tournant dans la ligne diplomatique espagnole.

Septembre 2025 : la rupture s’accélère

Le 8 septembre 2025, Pedro Sánchez annonce une série de mesures destinées à « freiner l’extermination du peuple palestinien » :

• embargo sur les ventes d’armes à Israël ;

• interdiction d’accès aux ports espagnols pour les navires transportant du carburant à usage militaire israélien ;

• augmentation de l’aide humanitaire et du soutien à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).

Lors de ce même discours, il prononce deux phrases devenues emblématiques :

• « L’Espagne n’a pas de bombes nucléaires, ni de porte-avions, ni de grandes réserves de pétrole. À nous seuls, nous ne pouvons pas arrêter l’offensive israélienne, mais nous ferons tout pour y mettre fin. »

• « Nous ne faisons pas de commerce avec un État génocidaire. »

Réaction israélienne : colère et sanctions diplomatiques

Dès le lendemain, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dénonce une « menace génocidaire flagrante », accusant Sánchez de calomnier Israël. Tel-Aviv convoque l’ambassadeur d’Espagne et interdit l’entrée sur son territoire à deux ministres espagnols. Madrid réplique en convoquant le chargé d’affaires israélien.

Un climat bilatéral empoisonné

Ces tensions s’ajoutent à un débat européen plus large : l’Espagne milite désormais pour une suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, au nom du respect des droits humains. De son côté, Israël accuse Madrid d’« instrumentaliser le conflit » pour des raisons politiques internes et d’attiser un climat hostile.

Une fracture diplomatique cristallisée en moins de deux ans

En moins de deux ans, la relation entre l’Espagne et Israël est passée d’une coopération prudente à une confrontation ouverte. Les déclarations de Pedro Sánchez, en particulier celles du 8 septembre 2025, ont cristallisé une fracture diplomatique profonde, dont l’évolution dépendra autant de la situation à Gaza que des équilibres politiques européens.

Gildas Kinda

www.burkinaonline.net

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